L’amendement de M. Grosperrin : une déclaration de guerre au service public de l’ESR

Les enseignants à l’université vont-ils devenir les nouveaux gardes-chiourme pour garantir des places en master aux étudiants les plus favorisés socialement ?

Il est permis de se poser la question au vu de certaines évaluations de l’HCERES (Autorité administrative « indépendante » chargée de l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche) :

Extrait de l’Evaluation de l’HCERES d’une licence professionnelle ayant un taux de poursuite d’étude de 30% (taux moyen national : 15%) :

« Ce taux de poursuites d’études déjà excessif est aggravé par le fait que beaucoup d’étudiants semblent  poursuivre  leurs  études  au  sein  même  de  l’établissement  qui  au  lieu  de  les  en  décourager, conformément à l’objectif premier d’une LP qui est l’insertion professionnelle immédiate, semble au contraire les encourager à poursuivre leurs études au travers de Massive open online courses (MOOCs) proposés pour préparer une poursuite d’études. »

On notera que dans le projet de loi ORE adoptée au Sénat est instauré que « la modification des capacités d’accueil devra prendre en compte les taux de réussite et d’insertion professionnelle observés pour chacune des formations ». De plus « toutes les formations du premier cycle proposeront une préparation du projet professionnel et des enseignements de professionnalisation, permettant aux étudiants qui le souhaitent une insertion professionnelle immédiate…À l’exception des classes préparatoires aux écoles et instituts. »

Faire de l’insertion professionnelle l’alpha et l’omega du pilotage des formations est dangereux à plusieurs titres. D’une part le taux d’insertion professionnelle est largement dépendant de sa définition (T=0, T+3mois, T+6mois, T+30mois…) et nécessite par définition un recul suffisant pour être fiable. D’autre part, il est largement dépendant de la conjoncture économique du pays à la sortie du diplôme et de la volonté politique de renforcer le service public (en recrutant plus d’enseignants par exemple…). Mais surtout croire que les étudiants se tourneraient volontairement vers des formations sans débouchées relève plutôt du mépris envers l’intelligence des générations à venir que d’un quelconque esprit de prévoyance !

Lire plus : L’amendement de M. Grosperrin, rapporteur, Article 1er, alinéa 8

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