L’orientation scolaire déboussolée
Le canard enchainé, mercredi 18 avril 2018
CEUX DONT LE MÉTIER est de guider les élèves ont de quoi être désorientés. Le 6 avril, les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur se félicitaient, dans un communiqué commun, du lancement d’un vaste appel à candidatures destiné à faire émerger « des dispositifs territoriaux pour l’orientation vers les études supérieures ». Somme mise sur la table : 70 millions d’euros. Mais, le même jour et « en même temps », le cabinet de Jean-Michel Blanquer finissait de recevoir, l’un après l’autre, les syndicats de profs afin de leur annoncer que les quelque 400 centres d’information et d’orientation (CIO) de l’Hexagone, animés par les psychologues scolaires, allaient disparaître. « C’est tout le service public de l’orientation que le gouvernement démantèle », dénonce Vincent Bernaud, du Sgen-CFDT.
Dans sa ligne de mire : le projet de loi – que les députés examinent depuis le 12 avril – pour la « liberté de choisir son avenir professionnel ». Le texte prévoit le transfert aux régions des Dronisep, les services locaux de l’Education nationale qui récoltent et mettent en forme l’info sur les formations et les métiers. Désormais, celle-ci pourra être délivrée aussi bien par les agents régionaux que par… les nombreuses boîtes de coaching privées pullulant sur le marché de l’angoisse scolaire !
Parallèlement, le ministère veut rapatrier au sein des établissements scolaires les psychologues de l’Education nationale, qui partagent aujourd’hui leur temps entre les lycées et les CIO. Avec des perspectives d’orientation aussi floues, on aura bien besoin de psys pour rassurer les élèves…