Les jeunes chercheur·se·s  enseignant·e·s du département science politique (UFR 11) de l’Université Paris 1 en grève

Communiqué : Les jeunes chercheur·se·s enseignant·e·s du département science politique (UFR 11) de l’Université Paris 1 en grève, (14 mai 2019)

Nous, collectif de jeunes chercheur·e·s enseignant·e·s au département science politique de l’Université Paris I (UFR 11), nous déclarons en grève. Nous ne saisirons pas les notes des enseignements dont nous étions chargé·e·s au cours de ce deuxième semestre, conformément à ce qui a été décidé par la majorité d’entre nous. Cette décision court pour huit jours et pourra être renouvelée le 23 mai prochain, si l’Université Paris I n’a pas répondu à nos revendications. 

Il y a trois ans suite à la mobilisation des doctorant·e·s au printemps 2016, le conseil d’administration de l’Université Paris I votait l’exonération de frais d’inscription pour les doctorant·e·s contractuel·le·s et ATER, la mensualisation du paiement des vacataires et la création d’un observatoire de la précarité. Trois ans plus tard, le constat est amer: l’observatoire n’a pas vu le jour, la mensualisation des vacataires n’a jamais été mise en oeuvre, et le conseil d’administration de notre Université prévoit désormais de revenir sur l’exonération en avançant des motifs juridiques.

La suppression de l’exonération des doctorant·e·s contractuel·le·s et ATER correspond à une politique de moins disant social, faisant que désormais tou·te·s les doctorant·e·s devront s’acquitter de 380€ par an, auxquels s’ajoutent 90€ de CVEC, pour réaliser leur recherche doctorale. Les doctorant.e.s sous contrat de Paris 1 connaîtront donc la même réalité que tout.te.s les non-financé.e.s, s’acquittant de l’équivalent de 39,2€ chaque mois, soit presque autant que le salaire brut d’une heure de vacation (41,41€).  En bref, nous nous retrouvrons donc tou·te·s sans distinction à devoir payer pour réaliser notre thèse, pour communiquer, organiser des événements scientifiques, publier et enseigner à Paris 1 – Nous devons et devrons payer pour travailler au sein de notre Université. Alors que la précarité financière et sociale des doctorant·e·s ne cesse d’augmenter, cette décision est inadmissible.

 A cela s’ajoute une détérioration continue de nos conditions de travail : nous travaillons sans locaux ou lieu de travail propre, souvent sans financements de thèse, nous enseignons pour beaucoup sous le statut de vacataires en étant rémunérés 9,89€àl’heuruse de travail effectif, soit moins que le SMIC horaire1, et ne recevant notre paye que des mois après la fin de notre service, malgré le vote de la mensualisation par le CA en 2016. Certain·e·s d’entre nous signent leurs contrats après plusieurs semaines d’enseignement, sont payé·e·s d’un semestre sur l’autre, et se voient assigné·e·s des tâches hors de leur service et non rémunérées. Le statut de vacataire n’offre par ailleurs aucune protection sociale à l’inverse d’un travailleur sous contrat.

Cette situation n’est en rien l’apanage de notre UFR. L’Université Paris I compte aujourd’hui 2646 enseignant·e·s vacataires. Le volume horaire d’enseignement qu’elles et ils réalisent correspond au service de 544 Maître·sse.s de conférence ou Professeur·e.s des universités et l’équivalent de 30% des enseignements. Parmi ces vacataires, il y a certes des professionnel·le·s donnant des enseignements occasionnels, mais aussi et surtout des doctorant·e·s non financé·e·s, des docteur·e·s sans poste, auxquel·le·s l’Université a recours pour respecter ses lignes budgétaires.

Dans ce contexte de précarisation générale de l’Université touchant particulièrement les jeunes chercheur·se·s, le gouvernement poursuit sa politique de destruction du service public universitaire avec la mise en place de la  sélection des étudiant·e·s l’an passé et la hausse discriminatoire des frais d’inscription pour les étudiant·e·s extra-européen·ne·scette année. Ces mesures contribuent à détruire le sens que nous mettons dans nos métiers et compromettent notre travail de chercheur·se·s et d’enseignant·e·s.

Le CA de l’université Paris 1 s’est engagé à mettre en œuvre tout ce qui est en son pouvoir pour que les futur·e·s étudiant·e·s extra-européen·ne·s payent les mêmes frais que leurs camarades européen·ne·s mais choisit de le faire sous forme d’exonération, dont le taux maximum de 10% des inscrit·e·s oppose de facto les doctorant·e·s précaires et les étudiant·e·s étranger·ère·s : tou·te·s ne pourront être exonéré·e·s alors même que le taux d’exonération approche déjà aujourd’hui le seuil maximal.

Pour toutes ces raisons, nous décidons de nous mettre en grève à travers une rétention des notes. Cette décision fait suite à l’absence de prise en compte de la situation des doctorant·e·s et des travailleur·euse·s précaires de l’Université malgré les tentatives de discussion par nos associations et syndicats et alors que la présidence de notre université choisit depuis des mois d’empêcher toute possibilité de mobilisation de ses personnels et de ses étudiants.

Dans le cadre de cette grève, nous demandons à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne de nous assurer des conditions de travail décentes. Nous demandons : 

–        La gratuité de l’inscription pour l’ensemble des doctorant·e·s  non-financé·e·s et financé·e·s.

–        La contractualisation de tou·te·s les doctorant·e·s vacataires.

–        La garantie du respect des mesures adoptées et de leur mise en oeuvre au niveau des UFR.

Nous enjoignons nos collègues doctorant·e·s des autres UFRs de Paris I à nous rejoindre dans notre mouvement, à étendre cette grève, à venir en nombre en Assemblées Générales de l’association des doctorant·e·s mobilisé·e·s, à poursuivre le dialogue entre doctorant·e·s de Paris I.

Les doctorant·e·s mobilisé·e·s de l’UFR de science politique de Paris I

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