La réforme des retraites va-t-elle encourager le système par capitalisation ?, France Télévisions, 09/01/2020 (Extrait)
« Globalement, la réforme maintient le système des retraites dans un régime par répartition, assure Jean-Olivier Hairault, professeur à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Ecole d’économie de Paris.
« L’intérêt de la réforme par points pour les libéraux, c’est qu’elle permet d’ajuster automatiquement les pensions à la baisse, analyse Christophe Ramaux, maître de conférences au Centre d’économie de la Sorbonne et membre du collectif des Economistes atterrés.
« Dans ce contexte, on peut se dire que les gens qui en ont les moyens ou qui travaillent dans les bonnes entreprises vont chercher à compléter leur pension par des dispositifs de retraite supplémentaires qui existent aujourd’hui, mais qui sont peu utilisées, parce que la retraite publique par répartition apparaît suffisante. » D’après l’économiste Michaël Zemmour maître de conférences en économie à l’université Paris-1 Panthéon Sorbonne et chercheur à Sciences Po, « la question va se poser pour les personnes de 40 ans et moins », qui cotiseront essentiellement sous le régime de la retraite par points.
L’épargne retraite favorisée depuis longtemps
S’il y a bien une incitation à la capitalisation, celle-ci n’a pas commencé avec cette réforme des retraites, observent les experts contactés par franceinfo. « Ça fait longtemps que la France cherche à développer ces retraites supplémentaires, au moins depuis 2003 et la réforme Fillon. Puis on a fait la loi Pacte pour permettre au marché de décoller », expose Michaël Zemmour.
« Non seulement les compagnies d’assurances vous y incitent, mais l’Etat aussi, souligne Christophe Ramaux. C’est même l’une des principales dispositions de la loi Pacte qui a renforcé les dispositifs d’exonération fiscale. Quand vous abondez vos plans d’épargne retraite, vous pouvez en partie défiscaliser les sommes en question, donc c’est l’Etat qui paie et qui abonde les fonds de pensions.
Michaël Zemmour l’assure : « Cette réforme des retraites est une bonne nouvelle pour la capitalisation. Elle construit un marché ou elle tend à le développer. Le parallèle, c’est vraiment le marché de la santé : on a maîtrisé les dépenses de santé en ville, les mutuelles sont devenues indispensables et même obligatoires, et c’est une bonne nouvelle pour les complémentaires santé. »