Motion de l’Assemblée générale des personnels de l’Université Montpellier et des organismes de recherche du 23 janvier 2020
Nous, personnels de l’Université Montpellier et des organismes de recherche, réunis en Assemblée générale le 23 janvier 2020, affirmons notre opposition au programme concerté de destruction de nos conditions d’emploi, de travail et de vie par les contre-réformes voulues par le gouvernement d’Édouard Philippe, en particulier le projet de réforme des retraites et la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). La précarité structurelle et la dégradation des conditions de travail affectent d’ores et déjà l’ensemble du monde universitaire et de la recherche : titulaires en surcharge de travail permanente, précaires assurant une part croissante de l’enseignement et du travail administratif et technique, jeunes chercheur.se.s alternant entre contrats ponctuels et périodes de chômage pour produire des recherches, étudiant.e.s en voie de paupérisation. Loin de proposer un plan massif de recrutement et la pérennisation des crédits de recherche, les propositions contenues dans les rapports préparatoires à la LPPR de 2020 annoncent au contraire plus de précarité et plus d’inégalités entre les établissements et les personnels.
La logique néolibérale qui préside à ces politiques est non seulement la même que celle de la contre-réforme des retraites ou encore celle de l’assurance chômage, mais leurs effets délétères se conjuguent. C’est la même logique qui conduit au dérèglement climatique et à la destruction de l’environnement. À titre d’exemples :
• Dans un secteur où l’entrée en poste se fait tardivement, avec des carrières en pointillés, la réforme des retraites va directement nous affecter en nous faisant perdre plusieurs centaines d’euros par mois à l’âge de la retraite.
• Dans un secteur où de nombreux précaires pâtissent de carrières hachées, la réforme de l’assurance-chômage va rendre encore plus difficiles les conditions de vie de nombreux.ses travailleurs et travailleuses de l’ESR.
Ces transformations de l’ESR, conjuguées à la sélection des étudiant.e.s que permet Parcoursup, à la réforme des lycées et du baccalauréat, aux réformes de la formation des enseignant.e.s et à l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant.e.s étranger.e.s, ont des conséquences dramatiques pour les personnels et les étudiant.e.s. Elles remettent gravement en cause l’accès de tou.te.s à des études gratuites de qualité.
Revendications (32 votant.e.s)
L’Assemblée générale adopte les revendications suivantes :
1) Retrait du projet de réforme des retraites ;
2) Réaffectation des fonds du Crédit Impôt Recherche (CIR) destinés aux grandes entreprises vers l’Enseignement supérieur et la Recherche publics ; (5 Ne Participent Pas au Vote)
3) Abandon du projet de la LPPR, contre la remise en cause du statut de fonctionnaire (1 NPPV);
4) Pour un plan de recrutement massif de titulaires à la hauteur du nombre d’étudiant.e.s et des besoins publics de recherche ;
5) Pour une démocratie universitaire et une réappropriation de l’université et des organismes de recherche par leurs acteurs ;
6) Pour un financement pérenne et la fin de la culture de l’évaluation et des appels à projets, dispendieux en temps, en financement et en énergie : suppression de l’ANR, du HCERES et des autres outils de pilotage de l’université et de la recherche ; (2 NPPV)
7) Pour une université gratuite et accessible à tou.te.s et une recherche publique au service de tou.te.s ;
8) Pour une revalorisation salariale pour tous et toutes.
Actions :
1) Mise en place d’un comité de mobilisation pour mettre en place nos décisions et notamment une liste de discussion des personnels mobilisés ;
2) Participer aux caisses de grève, aux AG interprofessionnelles et intersyndicales et aux manifestations en se mettant en grève et en cortège unitaire dont celle du vendredi 24 janvier ; la marche aux flambeaux le 23 janvier, rendez-vous à 17h à Saint-Eloi en blouse blanche (1 abstention);
3) Appeler les enseignant-e-s à retenir les notes d’évaluation, ne pas tenir les jurys d’examen, ne pas organiser individuellement les examens annulés et demander à la Faculté des Sciences de respecter la charte des examens de l’Université de Montpellier (1 abstention);
4) Organiser des actions visibles : intervenir dans l’espace public pour faire connaître nos positions et relayer les informations (médias, réseaux sociaux, conférences, universités populaires, etc.) ;
5) Mandater des représentant.e.s pour participer à la Coordination nationale de l’ESR les 1 et 2 février ;
6) Organiser des votes de motion contre la réforme des retraites et la LPPR dans les laboratoires, composantes et conseils ;
7) Rédiger une pétition adressée à la direction de la Faculté des Sciences pour avoir un conseil élargi sur la LPPR (1 NPPV).