L’Université « menacée d’extinction »

L’Université « menacée d’extinction »
Livre. Un enseignant-chercheur de Rennes 2 pointe les atteintes portées à la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Trois questions à…

Quelle menace pèse sur l’Université ?

L’Université, telle qu’on l’a installée après la Seconde Guerre mondiale, de service public, ouverte à tous et gratuite ou presque, est menacée d’extinction par des politiques qui essaient de la transformer en université sélective, en la mettant en concurrence avec des universités privées qui ont des moyens bien supérieurs. Après une période de forte démocratisation, on voit, depuis 1986, des attaques de plus en plus fréquentes.

Que préconisez-vous pour résister à cette tendance ?

On résistera tant que ne sera pas remis en question le statut indépendant de l’enseignant-chercheur. Mais les gouvernements successifs ont essayé de contourner cette indépendance, notamment en multipliant les emplois non statutaires. L’autre levier, c’est de résister pour faire valoir des conditions particulières d’exercice : la possibilité de travailler sur le temps long et dans la sérénité.

Les universités ne subissent-elles pas un certain discrédit, notamment par rapport aux grandes écoles ?

Ce discrédit est organisé par un discours qui est faux. En France, c’est à l’Université que se fait la plus grande partie de la recherche. On met volontairement l’Université en difficulté, et on l’empêche d’exercer ses missions par un étranglement budgétaire, avec des inégalités de traitement abusives.

Rennes 2, par exemple, est l’une des plus mal dotées avec 5 000 € par étudiant et par an, alors que la moyenne des dotations est de 10 000 €. Et certains établissements touchent jusqu’à 16 000 €. Ces conditions matérielles d’austérité sont imposées depuis une bonne vingtaine d’années.

( 1 ) Main basse sur l’Université , éditions textuelles, 141 pages, 15,90 €.

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