Des juges s’en vont, Blog de Mediapart , 25/11/2021(extrait)
Plus d’un tiers des magistrat.es ont signé une tribune révélant le suicide d’une collègue cet été, et leur crise éthique face à une institution qui reste dans le déni. À ces mots forts, s’ajoutent ceux de 2 juges démissionnaires pour des raisons similaires: Floriane Chambert, après 2 ans d’ancienneté et Anne-Laure Maduraud – co-coordinatrice de Délibérée – après 15 ans d’engagement.
Démissionner. Une idée probablement caressée, plus ou moins furtivement, par tout·e magistrat·e prenant au sérieux l’éthique et sa mission de participation à l’œuvre de Justice, spécifiquement en cette période désormais installée d’atteintes aux libertés fondamentales, de surenchère répressive et de pénurie organisée ; car, de l’idéal à la pratique, c’est souvent le constat d’un gouffre difficilement supportable, sans sombrer dans le cynisme ou l’indifférence, vis à vis des justiciables. Dès lors, l’histoire et la réflexion des ces deux magistrates et camarades, qui ont sauté le pas interpellent et posent la question en creux : au fond, pourquoi et à quelles conditions rester/ne plus rester au service de l’institution judiciaire ?
Nous publions ici, à la suite de la publication de cette importante tribune, avec leur accord – et nous les en remercions – leurs lettres de démission adressées au Garde des Sceaux ainsi que le texte-portrait de Floriane Chambert publié dans Délibérée en juillet 2021, sous la plume de Benoist Hurel, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature.